Ma vie entière est guidée par mes émotions aussi intenses qu’elles soient.
30 ans, c’est drôle de se le dire. Vous savez quoi, je crois que j’ai toujours attendu cet âge depuis mes 14 ans. Pourquoi ? Parce qu’on m’a toujours vendu que c’était incroyable la trentaine et que beaucoup de personnes ont pu me partager que c’étaient leurs meilleures années de leur vie. Du coup, je me suis toujours référée à cette notion qui n’est pas la mienne mais celle des autres, en disant « oh ouais, je vais aussi vivre des trucs de ouf à mes 30 ans? ». Nous sommes tous différents et nous n’avons pas tous la même façon de vivre ou même de construire notre avenir. Donc oui, d’être arrivée à cette date-là, l’âge de mes 30 ans, ça me fait quelque chose.
• Je ne me sens pas plus « vieille » que ça, je suis même heureuse d’avoir 30 ans pour plein de choses. Par exemple, ça me permet d’avoir davantage de poids quand je peux m’exprimer sur de nombreux sujets.
Lorsqu’on est encore dans la vingtaine, tous les sujets sont encore trop minimisés, aussi bien dans le domaine professionnel que personnel. J’ai dû entendre ça un milliard de fois : « tu es trop jeune, tu ne sais pas encore ce que c’est… » ou alors « Ne t’inquiète pas, c’est pas grave, tu es jeune, oublie ça, c’est pas important »… Bref, je suis heureuse de prendre de l’âge. Je suis aussi heureuse d’avoir pu apprendre à me connaître sur le bout des doigts (ou presque) avant mes 30 ans, et d’être en accord avec ce que je suis devenue aujourd’hui envers et contre tout. Cela signifie beaucoup pour moi.
Quand j’étais gamine et encore aujourd’hui, j’ai des modèles autour de moi qui ne me correspondent pas, et cette notion-là encore moins : « 30 ans, c’est être stable! » Cela impliquerait :
- D’avoir des revenus stables
- D’avoir un travail stable
- D’avoir trouvé l’homme avec qui tu veux fonder une famille (merci les soupirs de la famille à chaque rupture LOL!!!)
- D’avoir des enfants
- D’être mariée (je pense que le mariage est devenu has-been)
- D’être propriétaire d’un bien immobilier
Comme vous savez, je n’ai rien de tout ça et je n’en suis pas malheureuse ni trop inquiète. Mais ça n’a pas toujours été le cas.
J’ai aussi réussi à désactiver cette forme de « besoin » sociétal qui ne me mettait pas toujours à l’aise et à vivre sans penser à tous ces besoins qui ne sont pas les miens aujourd’hui. La solution a été de remplacer mes ancrages mémoriels actuels par de nouveaux, davantage en accord avec moi-même. C’est ce que j’ai fait, même si c’est un travail à refaire lors des périodes plus difficiles.
Je sais aussi que je ne suis pas la seule à penser comme ça et à connaître cette « pression sociale ». De plus, pour une femme, cette pression sociale est encore plus accentuée. Ne pas être en couple, ne pas avoir d’enfant, être une femme dite « indépendante/libre » n’est pas toujours très bien vu dans notre société et est encore davantage jugé par bon nombre d’hommes.
Une situation qui effraie autant les hommes (réf : Elle est toute seule, elle doit être compliquée comme meuf..) que les femmes (Vue comme une rivale, car elle n’est pas casée). Ça isole autant que ça attire, et pas forcément pour les bonnes raisons.
Sortir des cases, c’est une forme de survie pour y trouver un mieux-être et une liberté propre à soi. Ce n’est pas une mode.
Déconstruire ses repères, affirmer ses règles et sa vision, ce n’est pas une chose simple. La liberté appartient à ceux qui s’écoutent au plus profond d’eux-mêmes et qui parviennent à faire des choix en pleine conscience sans être influencés par le monde et ses dictats. Si vous parvenez à vivre sans être stressé par le temps et les obligations, et à cesser de vous questionner sur ce que la vie vous réserve, alors vous avez sûrement « réussi ».
Pour ma part, j’ai l’impression d’avoir atteint un objectif. Je pense que j’étais perplexe d’arriver jusqu’à mes 30 ans. Maintenant que j’y suis, je n’ai absolument pas pensé à l’après. Je n’ai jamais imaginé avoir 31 ans, ou même 35 ans ou plus. Je n’ai pas de vision à ce sujet. C’est un peu la même chose que la notion de l’argent. Il y a 6 ans, avoir 1 000€ était énorme pour moi, aujourd’hui, 1 000€ ce n’est pas beaucoup, ni même suffisant ou gratifiant pour moi (vous me suivez ?). Tout dépend de la valeur et de l’importance qu’on veut lui accorder.
Donc avoir 30 ans a été important pour moi, mais après 30 ans, c’est le néant et je suis heureuse d’être si décomplexée avec cette notion. Je me sens en roue libre pour les prochaines dizaines d’années. J’ai l’impression de revivre hahah !
Bref, j’ai 30 ans et j’ai hâte de connaître mes prochaines aventures et de continuer à vous les partager.
— Laurinda Hudgens